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Les prochains cafés-philo …


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PRÉSENTATION



Le travail va-t-il disparaître ?
à déterminer
Pierre-Jean Dessertine

Le café-philo d'Apt ne pourra plus se réunir au Restaurant de La Tour de l'Ho. Il recherche un lieu d'accueil sur Apt.

Ce peut être un autre établissement bar-restaurant, ou aussi un espace dans un établissement public s'il permet d'apporter une collation à consommer sur place dans le respect des lieux.

Email :
cafephilo.apt@gmail.com


18/12/15 : Tentative d'approche de la Beauté



Comment cheminer vers la beauté ?
Les conseils de Platon, Plotin, Kant, Hegel, Baudelaire, Voltaire...
par Claude Charier

Claude Charier a été conseil en communication publique et vit aujourd'hui sa retraite à Ménerbes. Habité par la beauté de la nature qui l'entoure, il a découvert la poésie, les mots pour dire le sublime, l'indéfinissable, l'infini avec toutes les questions que pose  cette constatation.
A ce jour, il a produit quelques 300 textes à caractère poétique et (ou) philosophique, édité un recueil de poèmes, intitulé Hymne à Ménerbes et prépare Brins de vie, réflexions sur certains moments de sa vie.
Pourquoi parler de la beauté dans un monde qui nous apparait souvent si laid ?
Parce ce que depuis que je vis à Ménerbes, j'ai fait l'expérience de la découverte de la beauté, que celle ci m'interroge en permanence et m'a conduit à aller chercher des réponses auprès de quelques grands penseurs, tels que Platon, Plotin, Kant, Hegel, Baudelaire, Voltaire. Ils m'ont tous renvoyé à de nouveaux questionnements : la beauté existe-t-elle en elle-même ou seulement pour soi, la beauté est-elle relative, éphémère, la beauté nous transcende-t-elle ?
C'est à cette réflexion que je vous convie dans un partage de nos expériences et lectures.

27/11/15 L'homme peut-il devenir immortel ?




On entend de plus en plus de voix affirmer que les progrès techno-scientifiques apporteront prochainement la capacité de maîtriser le vieillissement et de différer indéfiniment la mort.

Certains assurent même qu’est déjà né l’individu qui pourra vivre indéfiniment.

Ce serait donc le plus fabuleux espoir humain qui se réaliserait. Car y a-t-il désir plus largement partagé que celui de ne pas mourir  ? L'instinct de vie est en effet le plus enraciné qui soit en l'homme.

Mais, au-delà de l'effet d'exaltation lié à l'annonce d'une vie indéfiniment prolongée, au-delà des fantasmes abondamment déployés dans les films de science-fiction, ne faut-il pas réfléchir sereinement, rationnellement, aux implications qu'elle comporte  ?

Une telle vie ne changerait-elle pas totalement de sens par rapport à celle que porte la mémoire de l'humanité  ? En quoi serait-elle désirable  ? Quelles valeurs pourrait-elle porter  ? 

Pierre Jean DESSERTINE

06/11/2015 : La responsabilité du scientifique, présentation par Serge Vayssettes


Comme l’indique le titre nous verrons que le scientifique, si sa responsabilité est largement engagée, est loin d’être le seul à devoir assumer les éventuelles dérives de ses découvertes.
Je citerai des découvertes, disons fortuites, qui n’étaient pas prévues par leurs auteurs, et encore moins des usages qui en seraient faits.

Egalement d’entreprises qui n’ayant aucune éthique diffusent largement des produits douteux et dangereux.
Sans respect chronologique je citerai des courts extraits de Marie Larue PDG de l’Institut de Recherche de Santé et Sécurité au Travail (IRSST) du Québec, ainsi que du Café citoyen de Caen.
Je conclurai avec un résumé du livre du philosophe allemand Hans Jonas, Le Principe responsabilité, qui dès 1979, posait des questions sociétales très pertinentes.
Aujourd’hui elles ne peuvent plus êtres évacuées tant elles exigent des réponses rapides,elles serviront de fil conducteur au débat.


Serges Vayssettes



Mes centres d’intérêts :

En plus d’aimer le contact avec la nature, je m’intéresse à l’énergie, j’ai  par 2 fois fait localement un exposé  "Comment faire des économies chez soi, sans investissement ?"
et en préparation "Eloge du bois ", et bien sûr comme beaucoup d’entre nous  le réchauffement climatique m’inquiète.
 

25/09/2015 : Langage et Poésie

« Le Poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir » 
René Char


Le langage poétique emprunte aux émotions, aux sentiments, aux concepts. D’où la grande variété de ses œuvres. L’imagination y joue un grand rôle. Elle est en relation avec l’inconscient et la spiritualité. Les mouvements poétiques indiquent les orientations d’une époque, l’évolution de ses modes et de ses croyances. Notre société productiviste lui laisse peu de place dans les média. La place modeste qu’elle occupe n’empêche pas sa fonction universelle parmi les activités humaines. Qu’elle enchante ou qu’elle interroge le mystère, la poésie est au centre de l’humain, entre pensée et éprouvé, ressenti, devant le mystère d’être au monde et d’avoir à mourir.

Longtemps chant de l’âme et de ses tourments, elle témoigne aussi de l’exaltation devant la nature et du sublime de l’amour. Elle se diffuse principalement aujourd’hui par les chansons ; que la majorité soit en langue anglaise et que la mélodie et le rythme passent souvent avant le sens pourrait nous désespérer ; serait alors accompli au-delà de ses souhaits la sentence de Verlaine « de la musique avant toute chose ».

Nos poètes les plus célèbres appartiennent au Romantisme. Ce mouvement succède au siècle classique marqué par le recours au théâtre et à la mythologie grecque, et au souci de clarté. Le Romantisme est marqué par le grand désenchantement après que Dostoïevski  et Nietzsche aient affirmé la « mort de Dieu ». La science ayant désacralisé les affirmations bibliques ; le siècle dit des Lumières, en apportant la clarté sur les notions métaphysiques, apporte avec lui  et le rationalisme le désenchantement.

C’est ce que chante le XIX°siècle, en y mêlant les tourments personnels, jusqu’à Mallarmé et sa recherche nostalgique de l’absolu, dont son hermétisme porte les traces, ne veut que les traces.
Les poètes du XX°siècle feront la révolution surréaliste, ou, dans le sillage de la phénoménologie, chercheront à faire surgir la Présence dans les choses dont les limites apparaissant dans « la rage de l’expression ».
 
La fameuse sentence de René Char :  « Le Poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir » a-t-elle encore un avenir ? Autrement dit la poésie nous illuminera-t-elle encore ? Mettant dans ce « nous » ceux qui en ont reçu la sensibilité.

Au XXI°siècle la poésie sera-t-elle évincée, submergée par l’image et les réseaux sociaux, jusqu’à ne plus procurer chez le lecteur aucune étincelle, aucune lumière ? La chanson  en conservant seule le flambeau, mais en langue étrangère, et toujours habillée d’une musique.

Jean-Pierre Renimel

Suite de "Demain, l'Homme augmenté"


Par Pierre Jean DESSERTINE



Raison et déraison du transhumanisme



Qui est l’homme augmenté ?


C’est l’homme de l’avenir, celui qui est annoncé par la science.

Ce qui semble banal : l’homme n’a-t-il pas toujours été augmenté par les progrès de la science ? Nous parlons ici de la science au sens le plus large, celui initialement donné par les Grecs : la maîtrise des processus naturels par la raison. Ainsi on peut penser que l’accès à la maîtrise du feu a augmenté l’homme, tout comme la vaccination, l’automobile, ou le réseau Internet.

Mais ce n’est pas ce très général problème du progrès par la science qui nous réunit ce soir. C’est un problème précis. Il est apparu dans les années 80, en Californie, parmi les chercheurs qui se sont aperçus que la conjonction de nouveaux domaines scientifiques ouvrait la voie à des changements radicaux chez l’homme.

Ces nouveaux domaines de la connaissance scientifiques sont les nanoscience, les biosciences, l’informatique et les sciences cognitives (ce qu'on appelle les NBIC).

Mais que signifie ici changements « radicaux » ? Ne sont-ce pas des changements qui affecteraient la nature humaine ?

Mais la nature de l’homme ne s’atteint qu’à travers le prisme de sa culture, c’est-à-dire cette manière qu’a l’homme d’interposer sa liberté pour prendre en compte les nécessités naturelles en fonction de ses propres buts. Si l’homme a un besoin naturel de manger, il mange ce qu’il choisit, d’une certaine manière réglée, en plus ou moins grande quantité, et il peut choisir de jeûner, voire même de faire la grève de la faim.

La culture, parce qu’elle exprime la liberté humaine, est constamment variable alors que les nécessités naturelles en fonction desquelles elle se détermine sont les mêmes pour tous les hommes.

Autrement dit, ce qui fait la base commune de ce qu’on appelle l’humanité, ce sont un ensemble de nécessités naturelles qui sont à la fois le point d’appui et la limite à sa liberté. C’est ce qu’on appelle, non pas la nature, mais la condition humaine.

Ainsi, parler de changements radicaux en l’homme, c’est penser la possibilité de modifications de la condition humaine.

On peut considérer qu’il y a trois grands ordres de nécessités naturelles qui constituent la condition humaine :

1.       Sa corporalité. L’homme est incarné dans un corps vertical, bipède, qui le situe constamment dans un point de vue déterminé, etc.
Les nouvelles sciences envisagent en effet de numériser toute la pensée humaine et de la télécharger sur des supports artificiels afin de la délivrer de cette corporalité. Voir à ce propos : L'immortalité est-elle pour demain ?

2.      Sa sensibilité. Elle est à la fois externe et interne. Externe – perception – elle est le référent ultime de la connaissance de l’environnement naturel. Interne – sentiments, dont les désirs – elle est le signal de notre état intérieur.
Les NBIC permettent d’outrepasser la référence perceptive en créant une réalité virtuelle; elles nous annoncent également la capacité à venir de supprimer nos états intérieurs négatifs en nous donnant les moyens de satisfaction de tous nos désirs.

3.      Sa temporalité. L’homme doit nécessairement accomplir le cycle naissance maturation – vieillissement – mort dans l’espace de quelques décennies. Le NBIC prétendent soigner le vieillissement et écarter indéfiniment la mort.

On appelle alors « homme augmenté » l’homme qui aurait fait reculer ces limites qui constituent sa condition. L’homme augmenté serait celui qui s’échapperait, grâce à la technoscience, de la condition humaine.

C’est pourquoi on appelle la doctrine qui veut promouvoir sans retenue les possibilités de transformation de l’homme que recèlent les NBIC, le transhumanisme.



Qu’est-ce que le transhumanisme ?


Le transhumanisme est un système d’idées, une doctrine, qui vaut comme vision du futur de l’humanité comme perfection. C’est donc une utopie qui prétend donner le sens de l’activité humaine présente. C’est pourquoi elle vise à s’imposer dans la société et à prendre le pouvoir de manière à en orienter l’évolution : du point de vue de son rôle social, elle est une idéologie.

Notre époque est très particulière en ce sens que l’avenir y a très peu de visibilité.  A-t-il jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui de parler de l’avenir à nos enfants ? Un des symptômes de cette perte de visibilité est la disparition de grandes utopies comme le socialisme, le communisme, ou l’anarchie. Le transhumanisme est la grande utopie qui émerge pour remplir cet espace vide.

En ce sens le transhumanisme peut être bien venu. Mais pas nécessairement : cela dépend des raisons qui le justifient (par exemple l’utopie nazie fut désastreuse).



Que vaut le transhumanisme ?


Le transhumanisme peut être justifié par deux types de raisons :

1.       Celles de l’ordre de la science.

2.      Celles tirées de l’interprétation de l’histoire.

Pour les premières – les possibilités techniques qu’ouvrent les NBIC – elles sont exposées, généralement de manière mirifique par les tenants du transhumanisme. Mais, tout scientifiques qu’ils soient, leurs arguments laissent apparaître à l’examen beaucoup de parti pris et d’irrationnel. Ils peuvent être très discutables.

Plus intéressant est l’argument tiré de l’histoire. C’est essentiellement la théorie de l’évolution. Comme toute espèce qui apparaît au long des âges, puis disparaît, l’espèce humaine est appelée à disparaître. Ceux qui voudraient que l’espèce humaine soit maintenue immuablement dans sa finitude se mettent en contradiction avec cette loi de l’évolution des espèces qui règne sur la biosphère.

L’histoire de l’espèce humaine est marquée par une succession de profonds bouleversements qui ont amélioré sa situation dans la biosphère (feu, roue, écriture, agriculture, métallurgie, etc.). Il faut les considérer comme autant de jalons d’une évolution ouverte de l’espèce humaine.

Avec l’avènement des NBIC cette évolution atteindrait un seuil critique annonçant un saut qualitatif duquel émergerait une nouvelle espèce que les transhumanistes appellent volontiers le posthumain et dont l’homme augmenté serait la préfiguration.

L’objection à cette argumentation est l’idée que les grandes inventions évoquées plus haut n’ont pas été forcément un progrès pour l’humanité, au point que certaines ont été délibérément écartées par certaines populations. Voir à ce sujet la critique de l’écriture par Claude Lévi-Strauss.

À cela le transhumaniste répondra que justement, conformément à la théorie de l’évolution, toutes ces cultures dissidentes qui ne sont pas entrées dans ces étapes du progrès humain ont été éliminées par sélection naturelle.

Mais cela ne saurait suffire à convaincre l’homme contemporain qui constate que cette culture qui s’est engagée sans retenue sur la voie du progrès technoscientifique étouffe aujourd’hui sous ses propres déchets, provoque un extinction catastrophique de la faune de la biosphère, risque d’être gravement déstabilisée par les changements climatiques qu’elle a induit, etc. Le verdict de la sélection naturelle pourrait être impitoyable également pour elle.

Finalement, il faut bien se demander si la théorie de l’évolution est bien applicable à l’espèce humaine. Car les comportements humains ne sont pas pris dans les instincts naturels comme ceux des autres espèces. L’homme n’est-il pas capable de prendre des risques par esprit d’aventure ? N’est-il pas capable de renoncer à procréer par conviction religieuse ? N’est-il pas capable de sacrifier sa vie pour une valeur qu’il juge supérieure (comme le résistant qui ne dénonce pas son réseau sous la torture) ? On voir bien qu’en ces occurrences « la lutte pour la vie et pour imposer sa descendance » ne fonctionne pas.

En vérité l’espèce humaine est une espèce bien particulière dans la biosphère en ce qu’elle est la seule à se donner ses propres valeurs finales au-delà de celles assignées par la biosphère sous forme instinctive : telle est la liberté fondamentale qui fait de l’homme un être de culture.

En fonction de quelles valeurs finales les transhumanistes préconisent-ils la transformation de l’homme par la science ? En fonction d’un hédonisme sans nuance : le transhumanisme « prône le bien-être de tout ce qui éprouve des sentiments qu’ils proviennent d’un cerveau humain, artificiel, post-humain ou animal. » lit-on dans le manifeste de l'Association transhumaniste mondiale. Ce qui est cohérent avec le fait que les nécessités liées à la condition humaine soient vécues comme une limitation à la satisfaction des désirs et donc un défaut de bien-être. D’ailleurs l’essentiel de l’entreprise technique et scientifique de l’homme a pour vocation de se libérer de l’asservissement aux nécessités naturelles pour « jouir sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, et principalement la conservation de la santé » comme écrivait Descartes (Discours de la méthode) : la vaccination libère de l’épidémie, l’automobile libère de la distance inaccessible, etc. Les transhumanistes ne font que pousser vers sa plus grande efficacité cette visée hédoniste en s’appuyant sur les possibilités des derniers développements de la science.

Peut-on le leur reprocher ? Non ! À condition d’accepter cette idée du Bien qui la motive : une vie de bien-être, c’est-à-dire une vie maximisant les sensations positives. Or cette idée du bien n’est pas acceptable car elle est beaucoup trop réductrice. L’être humain est capable de viser d’autres types de satisfactions que celles qui passent par le plaisir et le bien-être. On peut penser, entre autres, au sportif qui s’impose de grandes souffrances pour être le meilleur, ou bien à l’individu qui sacrifie son bien-être pour une cause qu’il juge plus importante (par exemple celui qui aide les sans-abri).

On constate que les satisfactions qui ne passent pas par la sensation, mais qui sont d’ordre spirituel, sont largement occultées dans le monde contemporain. Et l’on peut rapporter ce phénomène à la prégnance de l’idéologie marchande, diffusée à travers une surabondance de messages publicitaires, qui veut faire croire que la vie bonne ne passerait que l’obtention de sensations positives à travers la consommation de marchandises.

Après tout, cette convergence entre l’utopie transhumaniste et les intérêts particuliers des marchands n’est pas suffisante pour invalider la première. On pourrait être là face à une manifestation de cette « ruse de la raison » par laquelle l’Histoire selon Hegel – c’est-à-dire le développement de l’Esprit dans le monde – se fait au moyen de l’énergie venant de la poursuite des intérêts particuliers.

Mais il convient de remarquer également que si le transhumanisme vaut aujourd’hui comme idéologie d’importance mondiale, c’est que parce qu’il a été massivement investi, au sens financier, par les grandes entreprises, telles Google et Microsoft. Non seulement les transhumanistes disposent aisément des capitaux pour entreprendre leurs projets de recherche, mais la culture de masse dispose de la manne financière permettant de produire des œuvres qui popularisent la figure de l’homme augmenté. Pensons à l’importance qu’a prise, ces dernières années cette figure dans les jeux vidéos et dans le cinéma (par exemple, en 2014, Lucy et Transcendance).

Au fond, il faut avoir conscience que le transhumanisme est une doctrine très extravagante – que peut être une « pensée » séparée du corps et téléchargée sur divers supports artificiels ? – et qui serait restée comme une bizarrerie scientiste de la mouvance New Age de l’ouest des États-Unis, s’il elle n’avait bénéficié de financements massifs de la part du pouvoir marchand mondialisé.

L’émergence du transhumanisme comme idéologie mondiale est à la confluence :

·         D’un besoin généralisé d’une utopie qui permette de réinvestir l’avenir malgré l’impasse dans laquelle deux siècles d’activisme marchand ont mis l’humanité. Le transhumanisme est, à cet égard, d’autant plus bienvenu qu’il est congruent avec les valeurs dominantes de bonheur hédoniste qui ont cours dans l’opinion commune.

·         De la difficulté en laquelle se trouve aujourd’hui le pouvoir marchand mondialisé. D’une part, il se trouve en procès de disqualification du fait des excès qu’il provoque : excès d’injustices sociales et excès de dommages écologiques  D’autre part, il se trouve en crise structurelle (la crise de 2008) parce que la concentration des richesses qu’il a engendrées a pour conséquence que ceux qui pourrait le faire prospérer ne sont plus en état de le faire, soit parce qu’ils n’ont plus assez de moyens financiers (les classes moyennes paupérisées), soit parce qu’ils ont tout ce qu’ils pouvaient espérer de biens traditionnellement humains (les inconsidérément enrichis de ces dernières décennies). L’utopie transhumaniste apparaît alors au monde marchand comme la possibilité de la relance des affaires par les immenses nouveaux marchés qu’elle annonce.



De ce point de vue on peut considérer le transhumanisme comme une réclame (au sens de publicité) pour la pérennité de la société marchande, c’est-à-dire de la société gouvernée pour être conforme aux intérêts marchands en favorisant prioritairement la circulation des marchandises. Et comme toutes les bonnes réclames, elle ne s’appuie pas sur des arguments raisonnables mais sur les passions humaines, trop humaines. Et l’on peut déceler dans les exaltations transhumanistes, comme moteur central d’adhésion, l’activation d’une passion profondément infantile de toute-puissance. Voir, à propos de cette passion : L’homme sans animaux.

Par contre, dès que l’on réfléchit un peu sérieusement sur ce que peut être cet homme augmenté, sur la manière dont il pourrait exister, on se trouve pris dans d’inextricables contradictions dont la racine est dans le paradoxe d’un sujet humain faisant le projet de ne plus être ce qu’il est. Voir à ce propos L’avenir peut-il être transhumaniste ?