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Le travail va-t-il disparaître ?
à déterminer
Pierre-Jean Dessertine

Le café-philo d'Apt ne pourra plus se réunir au Restaurant de La Tour de l'Ho. Il recherche un lieu d'accueil sur Apt.

Ce peut être un autre établissement bar-restaurant, ou aussi un espace dans un établissement public s'il permet d'apporter une collation à consommer sur place dans le respect des lieux.

Email :
cafephilo.apt@gmail.com


19/12/2014 Débat autour du livre "Le Royaume" d'Emmanuel Carrère

Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le livre pour participer au débat.

Un des grands intérêts du livre " Le Royaume" est ce dialogue entre les deux Emmanuel Carrère :
- celui d'il y a 20 ans, qui a fait preuve pendant 3 ans d'une foi dévorante et mystique, qui passait plusieurs heures par jour à lire l' évangile selon St Jean, et à remplir ses carnets évangéliques,
- et l'agnostique d'aujourd'hui, "même pas assez croyant pour être athée", mais qui garde un "goût" pour la Parole, pour le Nouveau Testament et analyse honnêtement ce qui lui reste du message du Royaume.

Ce dialogue tourne autour de trois questions principales :
- les sources : quel est exactement le message originel du Nouveau Testament, comment s'est-il constitué ?
- comment expliquer l'incroyable succès de ce message ? Comment une petite secte de Palestine, une région perdue de l'empire romain, est-elle devenue la principale église de l'empire, à l'origine des principales religions du monde occidental ?
- que reste-t-il du message originel ? Que signifie "Le Royaume" aujourd'hui ?


Extraits du "Royaume" :
« À un moment de ma vie, j’ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C’est passé.

Je suis devenu celui que j’avais si peur de devenir. Un sceptique. Un agnostique – même pas assez croyant pour être athée. Un homme qui pense que le contraire de la vérité n’est pas le mensonge mais la certitude. Et le pire, du point de vue de celui que j’ai été, c’est que je m’en porte plutôt bien.

Affaire classée, alors ? Il faut qu’elle ne le soit pas tout à fait pour que, quinze ans après avoir rangé dans un carton mes cahiers de commentaire évangélique, le désir me soit venu de rôder à nouveau autour de ce point central et mystérieux de notre histoire à tous, de mon histoire à moi. De revenir aux textes, c’est-à-dire au Nouveau Testament.

Ce chemin que j’ai suivi autrefois en croyant, vais-je le suivre aujourd’hui en romancier ? En historien ? Je ne sais pas encore, je ne veux pas trancher, je ne pense pas que la casquette ait tellement d’importance.

Disons en enquêteur. »
../..

« Non, je ne crois pas que Jésus soit ressuscité. Je ne crois pas qu'un homme soit revenu d'entre les morts. Seulement, qu'on puisse le croire, et de l'avoir cru moi-même, cela m'intrigue, cela me fascine, cela me trouble, cela me bouleverse [...]. J'écris ce livre pour ne pas me figurer que j'en sais plus long, ne le croyant plus, que ceux qui le croient et que moi-même quand je le croyais. J'écris ce livre pour ne pas abonder dans mon sens. »
../..

« Toute la doctrine de Paul, si on peut appeler doctrine quelque chose d’aussi intensément vécu, repose là-dessus : la résurrection est impossible, or un homme est ressuscité. En un point précis de l’espace et du temps s’est produit cet événement impossible, qui coupe l’histoire du monde en deux : avant, après, et coupe aussi en deux l’humanité : ceux qui ne le croient pas, ceux qui le croient, et pour ceux qui le croient, qui ont reçu la grâce incroyable de croire cette chose incroyable, rien de ce qu’ils croyaient auparavant n’a plus de sens. »

Mais pour Carrère la résurrection et l’au-delà ne sont pas le coeur du Royaume. L’essentiel du message n’est-il pas le Sermon sur la montagne de Matthieu, le sermon dans la plaine de Luc ?


« Vous me demandez : mais ce royaume, il viendra quand ? On ne peut pas le saisir, on ne peut pas dire : le voici ! Le voilà ! Il est parmi vous. Il est en vous. Pour y entrer, il faut passer par la porte étroite.  Les derniers seront les premiers, les premiers seront les derniers. Celui qui s’élève sera abaissé, celui qui s’abaisse sera élevé. »


Et on peut poursuivre cette réflexion avec Frédéric Lenoir qui dans « Le christ philosophe »
rappelle l'épisode du Grand Inquisiteur, dans Les Frères Karamazov :
« Cette légende du Grand Inquisiteur traduit en termes romanesques ce que fut en certains points essentiels la réalité de l’histoire du christianisme : une inversion radicale des valeurs évangéliques. Dostoïevski met l’accent sur ce qui lui semble le plus important dans cette trahison : le message de liberté du Christ a été rejeté par l’Église, au nom de la faiblesse humaine, afin d’asseoir son pouvoir. Il entend montrer que l’institution ecclésiale a cédé aux tentations diaboliques auxquelles Jésus avait su résister. Au cours de son histoire, elle a progressivement succombé à la tentation d’aliéner les consciences humaines en apportant aux hommes ce qu’ils désirent le plus : le miracle, le mystère et l’autorité. En d’autres termes, elle leur a offert la sécurité, sous les trois formes du miracle du pain (elle les nourrit et prend soin de leurs besoins vitaux), du mystère qui fonde sa légitimité et rassure (le dogme) et d’un pouvoir incontestable qui apporte l’ordre. 

Le grand paradoxe, l’ironie suprême de l’histoire, c’est que l’avènement moderne de la laïcité, des droits de l’homme, de la liberté de conscience, de tout ce qui s’est fait aux XVIe,  XVIIe  et XVIIIe  siècles contre la volonté des clercs, s’est produit par un recours implicite ou explicite au message originel des Évangiles. Autrement dit, ce que j’appelle ici « la philosophie du Christ », ses enseignements éthiques les plus fondamentaux, ne parvenait plus aux hommes par la porte de l'Église… alors elle est revenue par la fenêtre de l’humanisme de la Renaissance et des Lumières ! Pendant ces trois siècles, alors même que l’institution ecclésiale crucifie l’enseignement du Christ sur la dignité humaine et la liberté de conscience par la pratique inquisitoriale, celui-ci ressuscite par les humanismes. »

Donc, à partir des livres d'Emmanuel Carrère et de Frédéric Lenoir, nous tenterons de répondre à la question :

Le christ serait-il aujourd'hui un militant des droits de l'homme ?







29/11/2014 Comment construire l’autorité à l’école ?

Intervention d'Elisabeth Crochet Damais :



Ma présentation est bâtie sur ce que j’ai vécu avec mes élèves… et non un exposé exhaustif  sur l’autorité.
Plan
 1/ définition
2/ Mon témoignage
3/Crise de l’autorité à l’école
4/ Y a-t-il une crise générale de l’autorité ?


1/ Définition :

(W)L'autorité correspond au droit de pouvoir commander, d'être obéi. Elle implique les notions de légitimité, de pouvoir (sans pour autant être confondue avec celui-ci), de commandement et d'obéissance, et ne doit pas être confondue avec l'autoritarisme. La forme de sa légitimité peut varier, et elle peut enfin s'exprimer selon un rapport de force ou un rapport de compétence...

(W) L'autorité ne correspond pas à une qualité intrinsèque, mais à une attribution ou une conférence qui légitime le pouvoir de commander et d'être obéi.( En dehors des domaines psychologiques et sociologiques) trois sources de légitimation de l'autorité sont distingués : les règlements, les structures et les capacités. Ces sources peuvent se cumuler ou être différenciées.

….L’autorité c’est la faculté, la capacité à obtenir l’obéissance de celui à qui elle s’adresse parce qu’il l’aura acceptée, consentie et respectée…..

Etymologie : Autorité du mot latin auctoritas vient du verbe augere qui signifie augmenter.

(W)La philosophe et psychologue Ariane Bilheran, dans son ouvrage L'autorité, explicite encore davantage l'étymologie du mot : "« augere » consiste avant tout à poser un acte créateur, fondateur, voire mythique, qui fait apparaître une chose pour la première fois. Bien évidemment, dans la même racine étymologique, l’auteur (auctor) est celui qui fonde une parole et s’en donne le garant.

Elle souligne que l'autorité s'inscrit dans un rapport au temps, à l'héritage, et qu'elle est vouée, dans son exercice, à disparaître : contrairement au pouvoir, à la domination, à la contrainte, l'autorité vise l'autonomie progressive de celui qui en bénéficie.

(Ce terme « augmenter » prend toute sa signification à l’école et je rejoins complètement Michel Serres lorsqu’il dit que la véritable autorité est celle qui « grandit l’autre. »

D’une façon générale,
L’homme vit en communauté et cette communauté n’a-t-elle pas besoin d’un chef comme l’enfant d’un maître, quelqu’un qui, avant d’être celui qui commande, est celui qui réfléchit, juge et décide... pour le bien des autres ?

Il y a plusieurs formes d’autorité : de l’autorité personnelle, parentale, éducative à l’autorité politique, morale, spirituelle, et il est préférable de remettre chacune d’elles à sa place avant de les distinguer dans leur singularité. Il appartient, en effet, à chaque époque de réorganiser les autorités qui lui sont propres. L’erreur serait de réduire l’autorité à un pouvoir, ce pouvoir à une autocratie, cette autocratie à une tyrannie illégitime et abusive.
Pour que l’acte d’autorité soit accepté, encore faut-il qu’il soit appliqué de façon exemplaire ; c’est seulement dans ces conditions que l’autorité se justifie et s’accrédite par sa capacité à produire et maintenir des normes de comportement reconnues de tous.
(Normes : je l’entends comme loi, règles de conduite, code de la route…etc )

2/  Mon témoignage

Mon parcours d’enseignante a commencé à St Denis de la Réunion.

A mon retour dans le midi, j’ai fait qq remplacements (très courts) dans les quartiers Nord de Marseille ensuite j’ai rejoint la région d’Aix en Provence où j’ai découvert des écoles de milieux favorisés : Puyricard, Eguilles…Puis départ pour la région parisienne où j’ai choisi d’enseigner dans une cité. Puis à nouveau de retour en Provence, je termine ma carrière à St Martin de la Brasque. A part deux ans en maternelle et primaire

Ce parcours a été d’une richesse étonnante : diversité des quartiers, des cultures, des milieux, des milieux socio professionnels.

Voici quelques expériences vécues.
Ex : Elève qui s’assoit sous sa table. Trois tentatives pour essayer de le faire asseoir sur sa chaise. A la troisième il me déclare : « Maîtresse tu ne peux pas me voir, je suis transparent. »

Ex : Un élève qui refuse de travailler. Je suis allée dans son sens….j’ai pris son cartable avec toutes ses affaires de classe et lui ai dit : « pas de PB ne fait rien… » Il a très vite craqué, m’a demandé plusieurs fois de façon de plus en plus insistante de se mettre au travail… avant que j’accepte….

Ex : Un élève qui me nargue fait un dessin au lieu de faire son travail. ». Il voulait voir jusqu’où il pouvait aller et voulait prendre pouvoir sur moi : Il faisait ce qu’il voulait.

….. Je patiente………jusqu’au moment où exaspérée, je prends son dessin et en lui effleurant la tête avec, je lui dis : » maintenant ça suffit, tu dépasses, les bornes, au travail ! » Réaction immédiate de l’élève : « Puisque c’est ça je vais le dire à ma mère ! Sur le champ, je demande à ma collègue de la classe d’a côté de veiller sur mes élèves et je l’emmène en lui disant : « Nous allons tout de suite téléphoner à ta maman et je te laisse lui expliquer la raison de cet appel. » Surpris et désarmé par ma réaction il s’est immédiatement rétracté et m’a suppliée de ne pas téléphoner….

*Premier truc que j’ai fait pour le jour de la rentrée : plan de la classe et au fur et à mesure de l’appel placé les prénoms. Les élèves sont surpris de voir que dans la première heure de classe vous connaissez déjà leur prénom….c’est efficace !

*Mais très vite je me rends à l’évidence : ces trucs ne suffisent plus…

J’ai compris assez vite qu’en classe l’exercice de l’autorité prenait la forme de l’instauration de la discipline c’est à dire l’obéissance à des règles et qu’avant de me lancer dans « le programme» il fallait mettre en place ces règles. Après quoi l’entrée dans les apprentissages serait possible. « Vivre ensemble avec des règles communes. » La classe n’est-elle pas une micro société ?

*Ces règles étaient construites avec mes élèves, ainsi que les sanctions pour les contrevenants.

Suivant les âges dessins, bande dessinées ou règles écrites. Panneaux feu rouge ( ce qui n’est pas permis) et feu vert(ce qui est permis) J’ ai beaucoup appris, et sur les interdits, et sur les sanctions, à travers ce qu’ils proposaient !!

En ce qui concerne les sanctions on définissait leur hiérarchisation et les conditions de leur application étaient clairement définies

*Il me fallait parfois travailler sur l’instauration de la discipline jusqu’à la Toussaint. Retard dans le programme me direz-vous, c’est ce que je croyais mais une fois ces règles mises en place et acceptées par les élèves, tout allait très vite. Ce travail permettait à mes élèves d’avoir des repères sur ce qui était permis et ce qui était interdit en y mettant du sens et de construire un cadre sécurisant. Ils prenaient d’ailleurs conscience qu’ils jouissaient d’une certaine liberté dans ce cadre !

JJ Rousseau (Le contrat social) :
« L’obéissance à la loi qu’on s’est soi-même prescrite est liberté. »


Etait-ce la seule façon d’asseoir mon autorité ? Certainement pas
Un climat de protection et de confiance c’est une chose.
*Mais pour légitimer mon autorité d’enseignant j’ai vite compris aussi
- Qu’il fallait que je sois très ferme. Insister pour que les règles soient respectées…ils les avaient construites. Arrêter les comportements perturbateurs qu’ils ne seraient pas tolérés.
- Qu’il ne fallait jamais argumenter avec les élèves mais par contre partie bien expliquer le pourquoi de ce refus et les principes de ce refus.
­ - Qu’il fallait que je préserve la dignité des élèves que je reprenais pour éviter qu’il perde la face devant les autres.
- Que je sois ferme sur la promesse de sanction
- Que je « soigne » en priorité la qualité de la préparation du travail de la classe : Tant dans son contenu (donner envie à l’enfant d’apprendre), que dans la durée des séquences, que dans l’organisation spatiale de la classe.
- Que mes élèves aient une promesse de futur : préparation d’un projet, d’une sortie, d’une classe verte, d’un spectacle pour les parents…et une vision sur le futur à plus long terme dans la mesure du possible.

Voilà comment j’ai essayé de construire mon autorité à l’école….Je rappelle que j’étais en primaire……

En conclusion de mon témoignage
Comment pourrait-on définir l’autorité du maître ou d’une façon plus générale de l’enseignant ?
- A travers son rôle d’expert : L’enseignant fonde son autorité sur sa compétence professionnelle. Par sa maîtrise des savoirs fondamentaux, par sa capacité à instruire et à susciter l'intérêt pour les savoirs, il appelle le respect.
- A travers son rôle d’arbitre : En permettant aux élèves de construire la règle ou au moins d'en comprendre le sens, le maître ne décide pas arbitrairement de ce qui est bien ou mal. A travers lui, s'impose à tous ce qui limite mais garantit la liberté de chacun : la règle commune.

N’est-ce pas en évitant les écueils de l’autoritarisme et de la permissivité que les professeurs peuvent construire une véritable autorité éducative qui donne du sens à la transmission des savoirs ?

*Pour finir Je reprends ce que dit la philosophe Ariane Bilheran
« L’autorité s'inscrit dans un rapport au temps, à l'héritage, et qu'elle est vouée, dans son exercice, à disparaître c'est-à-dire que contrairement au pouvoir, à la domination, à la contrainte, l'autorité vise l'autonomie progressive de celui qui en bénéficie » N’est-ce pas là le but de chaque enseignant ?

** Si l'autorité professorale est parfois remise en question, elle demeure un phénomène socio-éducatif essentiel qui vise à rendre les élèves autonomes et responsables.

D’une façon plus générale…IL n’y aucune raison probante d’envisager la disparition de l’autorité et de supposer que nous sommes parvenus à un moment de l’histoire où elle ne serait plus bénéfique à la société des hommes. De toute évidence, non ! nous dit Armelle Barguillet


3/ Crise de l’autorité à l’école.

A l’école on fonctionne dans une relation : « parents, enfants, enseignants »
Les trois partis sont indissociables. On pourrait parler d’un triangle avec ses trois sommets…..si l’on enlève un sommet le triangle s’effondre…
Les parents sont-ils les premiers référents de l’enfant… ?
L’enfant accepte-t-il les positions asymétriques ?
L’autorité du maître est-elle encore reconnue par les parents ?
Si oui un travail très constructif et apaisant peut-être entrepris pour remédier à des situations difficiles. Comportement ou travail.

Dans son dernier livre « La seule autorité possible est fondée sur la compétence » Michel Serres nous raconte l'avènement d'un nouvel humain, né de l'essor des nouvelles technologies,

"Petite Poucette", l'enfant d'Internet et du téléphone mobile. Un clin d'oeil à l'usage intensif du pouce pour converser par texto. L'avènement de Petite Poucette a bousculé l'autorité et le rapport au savoir. Parents et professeurs ont le sentiment d'avoir perdu leur crédibilité dès lors que, face à eux, Petite Poucette tient entre ses pouces un bout du monde. Ce que j'appelle dans mon livre la présomption de compétence. Il y a vingt ans, lorsque, enseignant, j'entrais dans un amphithéâtre, je présumais que mes étudiants ne savaient pas. Désormais, j'ai des « Petite Poucette » devant moi, qui ont probablement compulsé sur Wikipedia les questions que je traite dans mon cours. À l'égard de son élève, le maître a maintenant cette présomption de compétence qu'il est de son devoir d'augmenter.

Autrefois, le médecin pouvait présumer que le patient qui consultait ignorait tout de la maladie dont il souffrait. Aujourd'hui, avant d'aller voir le médecin, on cherche sur Internet des informations concernant ses symptômes, pour tenter de poser soi-même un diagnostic. Le médecin a perdu l'autorité qu'il détenait par la présomption d'incompétence de son patient. Il ne peut plus dire : "C'est moi le médecin, laissez-moi faire !"

4 / Y a-t-il une crise générale de l’autorité ?

Je vais citer une nouvelle fois Michel Serres qui nous parle de la «nouvelle démocratisation du savoir» :

« Avant la génération des « Petite Poucette », seuls le tyran, le plus riche ou le plus savant tenaient le monde entre leurs mains. Aujourd'hui, pour peu qu'il ait consulté un bon site, l'étudiant, le patient, le consommateur, ou même l'enfant peut en savoir autant sur le sujet traité que le maître, le médecin, le directeur, le journaliste ou l'élu.

Nous disons que l'autorité est en crise parce que nous passons d'une société hiérarchique, verticale, à une société plus transversale, notamment grâce aux réseaux comme Internet. Tout ne coule plus du haut vers le bas, de celui qui sait vers l'ignorant. Les relations parent-enfant, maître-élève, État-citoyen... sont à reconstruire. Les puissants supposés qui s'adressaient à des imbéciles supposés sont en voie d'extinction. Une nouvelle démocratie du savoir est en marche. Désormais, la seule autorité qui peut s'imposer est plus que jamais fondée sur la compétence. Si vous n'êtes pas investi de cette autorité-là, ce n'est pas la peine de devenir député, professeur, président, voire parent. Si vous n'êtes pas décidé à augmenter autrui, laissez toute autorité au vestiaire.»


Le débat est ouvert !


Quelques questions

Différence entre autorité et autoritarisme
Une personnalité autoritaire se caractérise par une dérive de l'autorité vers une tentative de domination d'autres personnes.

Il y a parfois une confusion entre le fait d'exercer son autorité et d’être autoritaire, de faire respecter des règles protectrices et d’avoir l'intention de dominer et d'assujettir l'autre.

Rapport entre autorité et pouvoir
On peut distinguer deux sortes de pouvoir
*Le pouvoir d'injonction reposant sur la coercition, c'est-à-dire la contrainte. L'injonction suppose l'emploi possible de la force.
*Le pouvoir d'influence reposant sur le consentement du gouverné.
En fait le pouvoir est une question de place de l’individu dans une structure.
Détenir le pouvoir ne confère pas toujours de l’autorité et avoir de l’autorité ne signifie pas toujours détenir le pouvoir3/ Les fondements de l’autorité.

Autorité de pouvoir : Elle provient des règlements (lois, etc.). Elle concerne la justice, la police, l'État...

Autorité de fonction : Elle provient des structurations (hiérarchies, etc.). Elle concerne l'entreprise, la famille, l'association...

Autorité de compétence : Elle provient des savoirs, savoir-faire et savoir-être d'une personne ou d'un organisme. Elle peut être reconnue à quiconque se situe dans une démarche personnelle et positive d'amélioration aux points de vue attitudes, connaissances et compétences, ainsi qu'à quelque organisme ayant fait preuve de prise en compte des besoins de la situation et des personnes. On la qualifie parfois « d'autorité naturelle » ou « charismatique », bien qu'elle tienne des éléments cités.

L’autorité se mesure à l’aune de ce qu’on peut obtenir des autres. On voit bien que sans autorité, il ne peut y avoir de management (conduite correcte de la classe), par définition. Ainsi l’autorité, loin d’être une notion négative, est le préalable au management (à la mise en route des apprentissages). L’autorité est le fondement du management (de l’enseignement).

Contre partie de l’autorité.
Compétence, légitimité, transmission du savoir, promesse d’un futur.


L’autorité est-elle compatible avec la liberté ?
Peut-on soumettre à l’autorité un homme qui, par essence, est libre ?
Aussi libre soit-il, il n’en est pas moins intégré dans un tissu social, une communauté d’appartenance, et se doit d’agir de façon telle qu’il ne puisse nuire à la liberté d’autrui. C’est ce que nous pourrions considérer comme une astreinte normale au bien public.

……………………………………..

29/11/2014 Qu'est-ce que l'autorité ?

Par Elisabeth Crochet Damais, ancienne Professeur des écoles


Comment établir l’autorité en situation d'éducation ?

L’homme vit en communauté et cette communauté,  a besoin d’un chef comme l’enfant d’un maître, quelqu’un qui, avant d’être celui qui commande, est celui qui réfléchit, juge et décide... pour le bien des autres.

Il n’y a pas d’accomplissement humain sans une portion d’autorité admise et reconnue. 

L’autorité nous autorise à être et à... faire être ceux dont on est responsable. C’est alors que l’autorité bien comprise et bien exercée devient service. On remplit une fonction et les responsabilités qui s’y rapportent ; on assume une charge et les conséquences qui s’ensuivent. Et l’autorité est d’autant mieux exercée qu’elle est consentie.

Il y a plusieurs formes d’autorité : de l’autorité personnelle, parentale, éducative à l’autorité politique, morale, spirituelle, et il est préférable de remettre chacune d’elles à sa place avant de les distinguer dans leur singularité. Il appartient, en effet, à chaque époque de réorganiser les autorités qui lui sont propres. L’erreur serait de réduire l’autorité à un pouvoir, ce pouvoir à une autocratie, cette autocratie à une tyrannie illégitime et abusive. 

Pour que l’acte d’autorité soit accepté, encore faut-il qu’il soit appliqué de façon exemplaire ; c’est seulement dans ces conditions que l’autorité se justifie et s’accrédite par sa capacité à produire et maintenir des normes de comportement reconnues de tous.

En  classe l’autorité va permettre une liberté raisonnable, dans l’intérêt de l’élève  et  pour favoriser l’entrée dans les apprentissages avec une maîtrise progressive de l’autonomie.

La liberté raisonnable est la capacité d’agir en conformité avec la règle qui garantit la liberté de tous.

On attribuera « au maître » une autorité certaine s’il inspire, de par sa compétence et sa moralité, la confiance qui permettra d'obtenir le meilleur de chacun et la bonne entente entre les différents élèves de la classe.

Pour le débat je propose de s'interroger sur la question suivante :
Y a-t-il « crise de l’autorité » aujourd’hui ?

Elisabeth Crochet Damais